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Principes de l'écriture chinoise : les types de caractères

 

(Version en images*)

 

I. Pictogrammes
II. Idéogrammes simples
III. Idéogrammes composés

IV. Idéo-phonogrammes
        
V. Défléchis
VI. Prêtés


     (Graphie manuscrite)

Bien noter que les caractères chinois, ou sinogrammes (en chinois han4zi4 « caractères d'écriture des Han ») ne sont pas tous des idéogrammes, encore moins des dessins. Le plus grand dictionnaire – Kang1xi1 zi4dian3 Dictionnaire de caractères de Kang-Xi * – en recense quelque 40 000, dont certains sont des hapax, des erreurs ou des raretés, mais dans l'usage courant, en connaître entre 2 000 et 4 000 suffit à lire la presse. Les lettrés et les calligraphes peuvent en maîtriser plus de 8 000. Chaque caractère, à l'exception d'un seul (, qui peut fonctionner comme un suffixe modifiant le son de la voyelle précédente), représente une syllabe. Les mots du chinois, langue initialement monosyllabique (donc, en chinois ancien, un caractère valait un mot), sont souvent polysyllabiques. Ainsi, l'égalité « un caractère vaut un mot » est maintenant erronée. On trouve principalement six catégories de caractères.

 

I. Pictogrammes

xiang2xing4 « imitation de la forme » ; en minorité dans l'écriture, ils représentent directement une chose concrète par un dessin. Ce sont généralement les caractères les plus anciens. Certains, indiqués ici par leur graphie archaïque, peuvent être attestés dans une période s'étendant entre 8 000 à 1 600 avant notre ère (sur des supports variés : os d'omoplates de buffles ou carapaces de tortues pour la divination*, stèles etc.). La graphie sigillaire s'étend jusqu'à 200 avant notre ère ; elle servait aux sceaux et les calligraphes la pratiquent encore. La graphie simplifiée, le cas échéant, n'est utilisée qu'en République Populaire Chinoise, et ce depuis 1956. Ces caractères simplifiés sont, pour la plupart, attestés depuis des périodes anciennes en tant que variantes calligraphiques. D'autres sont inventés.

Archaïques
Sigillaires
Modernes
ren2

nü3

zi3

ri4

yue4

shan1

chuan1
Simplifiés
Sens homme femme* enfant* soleil lune montagne rivière*

 

Archaïques
Sigillaires
Modernes
shui3

yu3

zhu2

mu4

ma3

niao3

gui1

long2
Simplifiés
Sens eau* pluie bambou arbre cheval oiseau tortue dragon

Remarquez que les caractères modernes ne peuvent utiliser qu'un nombre défini de traits (au rang desquels la courbe est exclue), ce qui explique les différences notables entre les graphies anciennes et le résultat actuel ; il existe vingt-quatre (ou vingt et un, selon les exégètes) traits fondamentaux ; consultez ce document extérieur pour plus de détails.

Les pictogrammes ont été classés depuis longtemps en huit groupes (corps, homme,voyager, village, pinceau, dragon, jade et jaune), par affinités sémantiques ou par association d'idées ; deux cent quatorze d'entre eux constituent les « clefs » du chinois, élément primordial de tout caractère. Chaque caractère, en effet, doit être composé d'au moins une de ces clefs.

 

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II. Idéogrammes simples (indicateurs)

zhi3shi4  « indicateurs » ; ils traduisent directement une idée abstraite au moyen d'un signe explicite ou bien en complétant un pictogramme préexistant ; ainsi, en se servant d'un à trois traits, l'on peut commencer à compter.


yi1

er4

san1

shang4

xia4

ben3

mo4
un deux trois dessus dessous racine* cime*

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III. Idéogrammes composés (ou agrégats logiques)

hui4yi4 « réunion sémantique » ; plusieurs caractères juxtaposés indiquent un nouveau sens découlant de l'association engendrée ; remarquez que tout sinogramme devant s'inscrire dans un carré idéal, les éléments de tels caractères sont réduits ; ainsi : (humain) , (eau) , (herbe) etc. ; plusieurs formes réduites sont possibles pour un même caractère.

Ces idéogrammes se distinguent des indicateurs en ce sens qu'ils mettent en jeu la réunion de deux sens pour en obtenir un troisième, alors que dans le cas des idéogrammes simples l'idée est représentée directement.


lin2

sen1

xiu1
deux arbres
bois
trois arbres
forêt
un homme contre un arbre
se
reposer

 


ji2

shuang1

hao3

cai3
un oiseau sur un arbre
se rassembler
deux oiseaux sur la main droite
paire
une femme et un enfant
bon
une main sur un arbuste
cueillir

 


dong1

ming2

fen2

qiu1
le soleil derrière un arbre
Orient
soleil et lune
lumière
le feu sous un bois
brûler
la céréale et le feu
automne

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IV. Idéo-phonogrammes

xing2sheng1 « forme et son » ; de loin la catégorie la plus représentée en chinois (plus de 90% des caractères), il s'agit cette fois de l'association d'un caractère utilisé pour le sens et d'un autre pour le son ; par exemple, il faut représenter le verbe « se laver les cheveux », qui se dit mu4 ; or, le caractère de « l'arbre » se prononce de la même manière* ; ainsi, écrire « arbre » tout en accompagnant le caractère de celui (dénommé ici « clef ») pour « eau », qui renvoie à l'idée principale de lavage, permet de créer un nouveau mot tout en distinguant les sens des homophones*.

   Idée       Son    Résultat

eau

mu4

mu4 = « se laver les cheveux »

eau

lin2

lin2 = « verser »

herbe

cai3

cai4 = « légume »

Il est évident que l'élément phonétique n'est pas choisi au hasard et s'avère souvent motivé sémantiquement, ce qui n'apparaît parfois qu'a posteriori, mais permet ainsi une analyse interne des caractères. Ainsi, ren4 « connaître (quelqu'un) » est composé de trois pictogrammes : yan2 « parole » (une langue sortant de la bouche), dao1 « couteau » et xin1 « cœur ». Notez le trait sur le couteau, ce qui signifie qu'il faut considérer sa lame : le caractère se prononce alors rèn4. C'est cette partie qui joue le rôle du phonogramme. Mais le choix de ren4 n'est pas gratuit ; il est possible de comprendre l'agrégat idéographique ainsi : connaître quelqu'un, c'est se servir de la parole comme d'une lame pour trancher le cœur, l'intimité, et ainsi avoir accès à ce qu'est réellement cette personne au fond d'elle-même. Plus simplement, cai4 « légume » est composé de la clef de l'herbe pour le sens de « végétal » et de cai3 « cueillir » pour le son. Mais la notion de « cueillette » n'est pas étrangère à celle de « légume ». On retrouve, en dernière analyse, le caractère mu4 « arbre », qui connote aussi la sphère du végétal.

Les jeux sémantiques internes des idéo-phonogrammes sont souvent très riches.

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V. Défléchis

zhuan3zhu4 « échange réciproque » ; ce sont des caractères dont le sens et parfois la graphie divergent, qui sont cependant l'évolution d'un même étymon (souvent un pictogramme). Il s'agit de doublets (voire de triplets ou de quadruplets), au même titre que chance et cadence qui dérivent tous deux du même étymon latin cadentia(m), « chute » ; des défléchis gardent un lien sémantique (parfois lointain) :

Étymon Doublet 1 Doublet 2

pictogramme représentant un filet :
« attraper (des animaux) avec un filet »
*
wang3
« capturer »
*
wang3 « filet »

pictogramme représentant un vieillard appuyé sur une béquille :
« âgé »

lao3 « âgé »

kao3 « examiner » (nécessite la sagesse due à l'âge)

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VI. Prêtés

jia3jie4 « emprunt » ; l'homophonie  – très fréquente en chinois et à l'origine des idéo-phonogrammes – a permis des jeux d'emprunts spécifiques : alors que dans le cas d'idéo-phonogrammes, deux homophones sont au départ écrits de la même manière, l'un empruntant sa graphie à l'autre, puis le second étant distingué du premier par une clef, dans le cas des prêtés, le caractère fournissant sa graphie a cessé d'être utilisé dans son acception première. L'homophone n'a donc pas besoin d'être distingué et garde la graphie du premier caractère ; il n'a généralement aucun lien sémantique avec le caractère originel :

Caractère originel Homophone empruntant
la graphie du 1er
Résultat

wan4
« scorpion »

wan4
« myriade »
 

wan4
« dix mille »
scorpion*

lai2
« blé en herbe »

lai2
« venir »
 

lai2
« venir »
blé*

Les deux caractères en question étaient, originellement, des pictogrammes ; les caractères actuels ne le sont plus puisque le signifiant n'a aucun lien direct avec le signifié.

 

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Notes






Les caractères écrits dans ce document sont spécifiques aux textes imprimés ; les formes manuscrites peuvent différer quelque peu quant au détail de l'orientation de certains traits par exemple :

Manuscrit Imprimé
   
 shuo1 « parler »

 

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© Vincent Ramos, 2001  Les remarques, commentaires, corrections ou questions sont bienvenus –