Page
principale | Tableaux
de l'A.P.I. | Cours
de phonétique | Indo-européen
| Langues non IE |
Divers | Configuration | ![]() |
I.
Pictogrammes II. Idéogrammes simples III. Idéogrammes composés IV. Idéo-phonogrammes V. Défléchis VI. Prêtés (Graphie manuscrite) |
Bien noter que
les caractères chinois, ou sinogrammes (en chinois |
xiang2xing4 « imitation de la forme » ; en minorité
dans l'écriture, ils représentent directement une chose concrète par un
dessin. Ce sont généralement les caractères les plus anciens. Certains,
indiqués ici par leur graphie archaïque, peuvent être attestés dans une
période s'étendant entre 8 000 à 1 600 avant notre ère (sur des
supports variés : os d'omoplates de buffles ou carapaces de tortues pour
la divination*, stèles etc.). La graphie sigillaire s'étend
jusqu'à 200 avant notre ère ; elle servait aux sceaux et les calligraphes
la pratiquent encore. La graphie simplifiée, le cas échéant, n'est utilisée
qu'en République Populaire Chinoise, et ce depuis 1956. Ces caractères
simplifiés sont, pour la plupart, attestés depuis des périodes anciennes en
tant que variantes calligraphiques. D'autres sont inventés.
Archaïques | ![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Sigillaires | ![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Modernes | ![]() ren2 |
![]() nü3 |
![]() zi3 |
![]() ri4 |
![]() yue4 |
![]() shan1 |
![]() chuan1 |
Simplifiés | — | — | — | — | — | — | — |
Sens | homme | femme* | enfant* | soleil | lune | montagne | rivière* |
Archaïques | ![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Sigillaires | ![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Modernes | ![]() shui3 |
![]() yu3 |
![]() zhu2 |
![]() mu4 |
![]() ma3 |
![]() niao3 |
![]() gui1 |
![]() long2 |
Simplifiés | — | — | — | — | ![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Sens | eau* | pluie | bambou | arbre | cheval | oiseau | tortue | dragon |
Remarquez que les caractères modernes ne peuvent utiliser qu'un nombre défini de traits (au rang desquels la courbe est exclue), ce qui explique les différences notables entre les graphies anciennes et le résultat actuel ; il existe vingt-quatre (ou vingt et un, selon les exégètes) traits fondamentaux ; consultez ce document extérieur pour plus de détails.
Les pictogrammes ont été classés depuis longtemps en huit groupes (corps, homme,voyager, village, pinceau, dragon, jade et jaune), par affinités sémantiques ou par association d'idées ; deux cent quatorze d'entre eux constituent les « clefs » du chinois, élément primordial de tout caractère. Chaque caractère, en effet, doit être composé d'au moins une de ces clefs.
zhi3shi4 « indicateurs » ; ils traduisent
directement une idée abstraite au moyen d'un signe explicite ou bien en
complétant un pictogramme préexistant ; ainsi, en se servant d'un à
trois traits, l'on peut commencer à compter.
![]() yi1 |
![]() er4 |
![]() san1 |
![]() shang4 |
![]() xia4 |
![]() ben3 |
![]() mo4 |
un | deux | trois | dessus | dessous | racine* | cime* |
hui4yi4 « réunion sémantique » ; plusieurs caractères
juxtaposés indiquent un nouveau sens découlant de l'association
engendrée ; remarquez que tout sinogramme devant s'inscrire dans un carré
idéal, les éléments de tels caractères sont réduits ; ainsi :
(humain)
,
(eau)
,
(herbe)
etc. ; plusieurs formes réduites sont possibles pour un même caractère.
Ces idéogrammes se distinguent des indicateurs en ce sens qu'ils mettent en jeu la réunion de deux sens pour en obtenir un troisième, alors que dans le cas des idéogrammes simples l'idée est représentée directement.
![]() lin2 |
![]() sen1 |
![]() xiu1 |
deux arbres bois |
trois arbres forêt |
un homme contre
un arbre se reposer |
![]() ji2 |
![]() shuang1 |
![]() hao3 |
![]() cai3 |
un oiseau sur
un arbre se rassembler |
deux oiseaux
sur la main droite paire |
une femme et
un enfant bon |
une main sur
un arbuste cueillir |
![]() dong1 |
![]() ming2 |
![]() fen2 |
![]() qiu1 |
le soleil derrière un arbre Orient |
soleil et lune lumière |
le feu sous un bois brûler |
la céréale et le feu automne |
xing2sheng1 « forme et son » ; de loin la catégorie la
plus représentée en chinois (plus de 90% des caractères), il s'agit cette
fois de l'association d'un caractère utilisé pour le sens et d'un autre
pour le son ; par exemple, il faut représenter le verbe « se
laver les cheveux », qui se dit mu4 ; or, le caractère de
« l'arbre » se prononce de la même manière* ;
ainsi, écrire « arbre » tout en accompagnant le caractère de celui
(dénommé ici « clef ») pour « eau », qui renvoie à
l'idée principale de lavage, permet de créer un nouveau mot tout en
distinguant les sens des homophones*.
Idée | Son | Résultat |
![]() eau |
![]() mu4 |
![]() mu4 = « se laver les cheveux » |
![]() eau |
![]() lin2 |
![]() lin2 = « verser » |
![]() herbe |
![]() cai3 |
![]() cai4 = « légume » |
Il est évident que l'élément phonétique n'est pas choisi au hasard et
s'avère souvent motivé sémantiquement, ce qui n'apparaît parfois qu'a
posteriori, mais permet ainsi une analyse interne des caractères. Ainsi,
ren4 « connaître (quelqu'un) » est composé de trois
pictogrammes :
yan2 « parole » (une langue sortant de la bouche),
dao1 « couteau » et
xin1 « cœur ». Notez le trait sur le couteau, ce qui
signifie qu'il faut considérer sa lame : le caractère se prononce alors
rèn4. C'est cette partie qui joue le rôle du phonogramme. Mais le choix
de
ren4 n'est pas gratuit ; il est possible de comprendre l'agrégat
idéographique ainsi : connaître quelqu'un, c'est se servir de la parole comme
d'une lame pour trancher le cœur, l'intimité, et ainsi avoir accès à ce
qu'est réellement cette personne au fond d'elle-même. Plus simplement,
cai4 « légume » est composé de la clef de l'herbe pour le
sens de « végétal » et de
cai3 « cueillir » pour le son. Mais la notion de
« cueillette » n'est pas étrangère à celle de
« légume ». On retrouve, en dernière analyse, le caractère
mu4 « arbre », qui connote aussi la sphère du végétal.
Les jeux sémantiques internes des idéo-phonogrammes sont souvent très
riches.
zhuan3zhu4 « échange réciproque » ; ce sont des
caractères dont le sens et parfois la graphie divergent, qui sont cependant
l'évolution d'un même étymon (souvent un pictogramme). Il s'agit de doublets
(voire de triplets ou de quadruplets), au même titre que chance et cadence
qui dérivent tous deux du même étymon latin cadentia(m), « chute » ;
des défléchis gardent un lien sémantique (parfois lointain) :
Étymon | Doublet 1 | Doublet 2 |
![]() pictogramme représentant un filet : « attraper (des animaux) avec un filet » |
![]() wang3 « capturer » |
![]() wang3 « filet » |
![]() pictogramme représentant un vieillard appuyé sur une béquille : « âgé » |
![]() lao3 « âgé » |
![]() kao3 « examiner » (nécessite la sagesse due à l'âge) |
jia3jie4 « emprunt » ; l'homophonie – très
fréquente en chinois et à l'origine des idéo-phonogrammes – a
permis des jeux d'emprunts spécifiques : alors que dans le cas
d'idéo-phonogrammes, deux homophones sont au départ écrits de la même
manière, l'un empruntant sa graphie à l'autre, puis le second étant
distingué du premier par une clef, dans le cas des prêtés, le caractère
fournissant sa graphie a cessé d'être utilisé dans son acception première.
L'homophone n'a donc pas besoin d'être distingué et garde la graphie du
premier caractère ; il n'a généralement aucun lien sémantique avec le
caractère originel :
Caractère originel | Homophone empruntant la graphie du 1er |
Résultat |
![]() ![]() wan4 « scorpion » |
![]() wan4 « myriade » |
![]() wan4 « dix mille » |
![]() ![]() lai2 « blé en herbe » |
![]() lai2 « venir » |
![]() lai2 « venir » |
Les deux caractères en question étaient, originellement, des pictogrammes ; les caractères actuels ne le sont plus puisque le signifiant n'a aucun lien direct avec le signifié.
Qui consiste à écrire une question sur
un tel support et passer le tout par le feu. Les craquelures apparaissant
alors révèlent, selon leur configuration par rapport aux caractères, la
réponse des dieux.
nü3
représente une femme agenouillée devant son époux par
déférence. Les pictogrammes les plus anciens la représentent de
face, tandis que c'est de profil qu'elle apparaît dès la graphie
sigillaire
.
zi3
est un enfant emmailloté, ainsi que le voulait la pratique ancienne, dont
les jambes ne sont donc pas visibles.
Le pictogramme à l'origine de
shui3 représente une cascade dont le courant central est entouré de
tourbillons ou d'éclaboussures. Bien que proche du pictogramme pour
« rivière », celui pour « eau » doit en être
distingué.
Ce pictogramme est aussi présent, dans
sa graphie moderne, sous d'autres formes en composition, comme
ou
.
Le caractère
ben3 représente un arbre,
mu4, dont on désigne la base au moyen d'un trait.
mo4,
à l'inverse de
ben3, représente un arbre dont on indique le sommet.
Ce procédé est favorisé par la structure
phonologique du mandarin, qui ne peut former, à peu de choses près,
que 400 syllabes différentes, si l'on omet les tons (inflexions de la voix
accompagnant l'émission de la syllabe). Une telle structure rend le chinois
très riche en homophones. À titre indicatif, il existe environ 110
caractères se prononçant shi en chinois moderne.
Le principe d'ajout d'une clef pour
distinguer les homophones est tardif ; dans l'Antiquité chinoise, deux
homophones, dont l'un utilisait la graphie d'un autre, n'étaient pas
nécessairement distincts, et seul le contexte permettait de comprendre quel
sens attribuer au caractère. Ainsi, « bois » et
« verser », tous deux lin2, pouvaient être écrits .
La graphie simplifiée de ce caractère
reprend la graphie ancienne : ;
notez que pour la graphie traditionnelle, la clef de la soie (clef des
objets tissés, liés...),
,
a été rajoutée.
« Blé » est maintenant
signifié par
mai4, caractère dans lequel on reconnaît
.
Cette version en images ne
nécessite aucun réglage particulier de votre navigateur ; pour des
raisons de compatibilité, les diacritiques indiquant les tons (inflexions
de voix portées par les syllabes chinoises) ont été remplacés par des
chiffres. Il ne s'agit donc pas de renvois vers des notes. Ainsi,
han4zi4 se lit « han au quatrième ton, zi au
quatrième ton ». Une des orthographes actuelles de la transcription
latine des caractères chinois, le pin1yin1, prévoit l'utilisation
de diacritiques dont certains ne sont pas disponibles sur les claviers
français. Le même exemple, correctement transcrit, serait
« hànzì ». Pour lire une version unicodée
(utf-8) de ce document, cliquez ici.
Les caractères écrits dans ce document sont spécifiques aux textes imprimés ; les formes manuscrites peuvent différer quelque peu quant au détail de l'orientation de certains traits par exemple :
Manuscrit | Imprimé | |
![]() |
![]() |
|
shuo1 « parler » |
[retour à la page d'index sur le mandarin]
© Vincent Ramos, 2001 – Les remarques, commentaires, corrections ou questions sont bienvenus –