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Système phonologique (théorique) du français

Sont indiquées ici toutes les oppositions pertinentes possibles. Il va de soi que tous les locuteurs ne les pratiquent pas :

1. Consonnes

• Toutes les sonores peuvent être dévoisées après une sourde – plus rarement avant – surtout les « liquides » (/r/ et /l/), les nasales et les spirantes.
• /ɲ/ est de plus en plus réalisé [n^j], l’opposition [ɲ] ~ [n^j] n’étant que peu productive.
• /r/ connaît plusieurs allophones non distinctifs : [r] vibrante roulée apico-alvéolaire (surtout dans les campagnes ; cette réalisation est de plus en plus rare), [ʁ] fricative uvulaire (prononciation courante), souvent réduit ― surtout en finale – à la spirante [ʁ̞]. Enfin, [ʀ], vibrante roulée uvulaire (qui s’entendait surtout dans la chanson ; elle est de moins en moins courante).
• L’apparition de termes anglais ou à consonance anglaise (« camping », « parking ») dans le lexique français conduit de plus en plus de locuteurs à utiliser la nasale vélaire /ŋ/, présente la plupart du temps en finale. Réalisée parfois [ŋ], on entend souvent [^ŋg] voire [ɲ]. L’opposition /n/ ~ /ŋ/ n’est que rarement pertinente ; /ɲ/ ~ /ŋ/ peut l’être : « ping » (terme d’informatique) /piŋ/ ~ « pigne » /piɲ/.
• De même, certains mots espagnols ou arabes (« jota », « Khaled ») importés et prononcés dans ces langues avec un /x/ ont permis l’apparition de ce phonème dans le système phonologique français, réalisé souvent [χ] (qui n’est en fait que l’allophone sourd de [ʁ]), plus rarement [x] mais le plus souvent [ʁ]. L’opposition /r/ [ʁ] ~ /x/ n’est que rarement pertinente.

1. Voyelles

Orales

 

	Antérieures			Centrales		Postérieures
Fermées	i • y					• u
Mi-fermées		e • ø				• o
					•ǝ
Mi-ouvertes		ɛ • œ				• ɔ
Ouvertes			a •			ɑ •

Le français est une des rares langues d’Europe dotées de nasalisées (avec le polonais, le portugais, le piémontais et le génois). C’est une des rares langues romanes dans lesquelles la nasalisation soit complète (sans trace audible de la consonne nasale). Le piémontais et le génois possèdent aussi cette caractéristique.

• L’opposition /ɛ/ ~ /e/ n’est pas pratiquée partout : une grande partie du sud de la France ne la connaît pas ; généralement, ces locuteurs confondent aussi /ɔ/ ~ /o/, sauf dans les nombreux cas de neutralisation (l’archiphonème /E/ vaut toujours [ɛ] devant consonne mais [e] en syllabe ouverte ; /O/ est réalisé [ɔ] devant consonne, [o] en syllabe ouverte ; l’opposition d’aperture est donc en distribution complémentaire partielle).
• De plus, /ɛ̃/ ~ /œ̃/ est en passe de disparaître au profit de /ɛ̃/. C’est une opposition très faiblement productive.
• Enfin, l’opposition /ɑ/ ~ /a/ n’est pas toujours pratiquée.